Des chiens entraînés pour traquer les braconniers de rhinocéros dans le parc Kruger
Le parc Kruger, le plus grand refuge de rhinocéros au monde, est en train de les perdre assez rapidement à cause du braconnage. Ils sont plus nombreux à disparaître à cause du braconnage qu'à naître.
Depuis 2009, le nombre de rhinocéros dans le parc Kruger a chuté de 11 420 à 2 458, et cette année, il va encore baisser. Pendant cette période, le nombre de rhinocéros braconnés était le double de la population existante.
Quelle que soit la nuit, mais surtout lorsque la lune est pleine, des équipes de braconniers rôdent dans le parc, chacune équipée d'un fusil à grande puissance et d'une machette. Le travail des chiens est de les traquer. Dans cette tâche, ils se révèlent redoutables.
#L'entrée des chiens
Les braconniers de rhinocéros qui pénètrent dans le parc national Kruger se font de plus en plus souvent écraser par des meutes de chiens de chasse déchaînés, suivis par un hélicoptère qui suit leurs colliers GPS de haute technologie.
À l'approche de la meute hurlante, le braconnier ne se doute pas que les chiens sont dressés pour ne pas attaquer. Ils ne le mordront pas (il y a des implications légales), mais s'il tente de blesser les chiens, les rangers tireront depuis l'hélicoptère. Les braconniers le savent et aucun chien n'a encore été perdu par la balle d'un braconnier.
Lorsqu'ils trouvent un braconnier, ils s'organisent autour de lui et attendent que l'hélicoptère se dirige vers leur position. Une fois entourés de chiens, les braconniers savent que la partie est terminée.
Ce mariage d'une ancienne pratique de chasse et de la technologie moderne est affiné, testé et mobilisé par l'unité K9 basée au Southern African Wildlife College, près de la porte Orpen de Kruger. C'est la première en Afrique à faire fonctionner des chiens de meute anti-braconnage opérationnels dans un parc animalier et elle accumule les succès.
Depuis qu'elle est devenue opérationnelle début 2019, elle a été appelée 181 fois par le parc Kruger et a enregistré 109 succès, avec 193 arrestations et 88 armes confisquées.
Elle opère également dans les zones privées de la région du Grand Kruger et a formé des chiens et des maîtres-chiens en Tanzanie, au Zimbabwe et en Eswatini, ainsi que des maîtres-chiens en Ouganda et en Zambie.
#Le bon nez pour le travail
Utiliser des chiens pour compléter les colliers de repérage par satellite, les écrans de navigation et les hélicoptères peut sembler une approche de basse technologie, mais c'est en fait le contraire. Rien de ce que l'homme peut fabriquer n'égale la merveille biotechnologique qu'est le nez d'un chien.
Les humains perdent jusqu'à un million de cellules de peau en forme de flocon de maïs chaque minute. Il y en a environ 50 000 dans chaque litre d'air que nous inhalons en présence d'humains, et peut-être 500 qui se déposent dans chaque mètre que nous parcourons. Ce sont des données très personnelles et les chiens peuvent suivre leur trace, capables de détecter des dilutions d'une ou deux parties par trillion. C'est comme détecter une goutte dans une piscine olympique.
Leur équipement de reniflage a mis des millions d'années à se perfectionner. Contrairement aux nôtres, leurs narines sont en forme de virgule, avec un rabat de peau appelé le pli de l'autel. Lorsqu'ils inspirent, il s'ouvre, mais lorsqu'ils expirent, il se referme, forçant l'air à sortir par la queue de la virgule, le détournant latéralement pour ne pas contaminer la prochaine inspiration. C'est comme un jeu de jumelles nasales qui ne perd jamais le focus.
Chacune de nos inspirations va directement dans nos poumons. Mais chez les chiens, une plaque osseuse détourne une partie de l'air vers une cavité de reniflage où il peut être soigneusement évalué. C'est un dispositif de capture des odeurs si précis qu'il a été comparé à notre perception des couleurs.
#Tentatives d'évasion
La première chose que font les braconniers lorsqu'ils entendent les chiens arriver est de se cacher dans les buissons. Les chiens les encerclent, et quelques-uns sortent pour surveiller l'hélico. Le deuxième type de réaction est d'essayer de s'enfuir. Mais ils ne peuvent pas échapper aux chiens.
Une autre tactique consiste à se faufiler dans les herbes hautes. Mais cela crée beaucoup d'odeurs car ils sont très effrayés et en sueur. Parfois ils se séparent - bombshell - et c'est un problème pour les chiens de savoir qui suivre. Certains s'échappent de cette façon, mais jamais tous.
La formation commence au lever du soleil avec environ six chiens par meute opérationnelle. Les maîtres-chiens posent une piste en demandant à quelqu'un de marcher sur un itinéraire, puis ils y mettent les chiens. Certaines sessions de pistage durent quatre heures, d'autres toute la nuit, ce qui permet de renforcer la confiance.
Les chiens sont entraînés à surveiller l'hélicoptère et lorsqu'il se pose, ils viennent à lui.
Si les chiens perdent la piste mais que les maîtres-chiens peuvent voir une ligne de route claire grâce au GPS, ils peuvent lâcher et tirer les chiens jusqu'à l'endroit où leur chemin est susceptible de continuer, et ils le retrouveront.
Les chiens plus âgés qui ne peuvent plus suivre ne sont pas mis au rebut - ils deviennent les maîtres des chiots et des maîtres-chiens : ils savent ce qu'il faut faire.
#Les yeux du ciel
Le travail de l'hélico est de repérer les problèmes. Un gnou avec des petits attaquera les chiens, ou peut-être un léopard ou une hyène ; l'hélico peut donc repousser les animaux s'il le faut. De plus, comme les chiens ont appris à venir vers l'hélico, ils peuvent les éloigner du danger.
Lorsqu'ils ont soif, ils quittent la piste, boivent un verre et nagent pour se rafraîchir. Mais au bout d'une minute environ, ils reprennent la piste et repartent.
Ces courageux canidés sont des atouts dans la lutte contre le braconnage dans le parc national Kruger.
Avec de nombreuses captures réussies, il n'y a aucun doute sur l'impact qu'ils ont sur la préservation de notre précieuse faune sauvage pour que le monde entier puisse en profiter.
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